Jeux sans maillots
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Film La Soule de 1988 avec Richard Bohringer et Christophe Malavoy |
Plusieurs civilisations ont connues des jeux de balles
mais le football actuel trouve plutôt ses racines dans la soule (ou choule)
médiévale. Ce jeu sportif est pratiqué
de
longue date dans les villages des deux côtés de la
Manche.
Il a pu arriver en Angleterre lors de la conquête normande.
La
première mention écrite de la soule en France
remonte
à 1147 et son équivalent anglais date de 1174.
Dès
le 16eme siècle, le ballon de cuir gonflé est
courant en
France. La soule est un jeu. Elle se déroule pendant une période de fête religieuse importante (Carême, Pâques...). Les journées étant chomées, la population masculine est en manque d'activités. La soule se propose de les occuper en les divisant en deux équipes et leur donner un but simple: porter un ballon dans un lieu précis du camp ennemi. Les règles sont simples aussi: tu ne tueras pas. Tous les autres coups sont permis Ce genre de manifestation ne demande pas de signe particulier de reconnaissance entre joueurs. C'est du moins ce que l'on voit dans les jeux toujours en cours actuellement de la Choule de Tricot, en France et du Royal Shrovetide football match d'Ashbourne, en Angleterre. Cette information est recoupée par les gravures d'époques de jeu de Soule. Seul écart, le film réalisé en 1988 par Michel Sibra où les acteurs portent des tricots et ceintures de couleurs différentes. Mais est ce la vérité ? ou une astuce du réalisateur pour magnifier le spectacle. |
Soule au XIVe siècle Cathédrale de Gloucester |
En 1793, Bernard Bird décrit un jeu de mob football ayant lieu à Sheffield: "Il fut sélectionné six jeunes hommes de Norton, habillés en vert; et six jeunes gens de Sheffield, vêtus de rouge. Le jeu a duré trois jours consécutifs. Un arc a été érigé à chaque extrémité de la place [...] Puis ceux du côté Norton ont envoyé des messagers au Peak et dans d'autres endroits dans le comté de Derby; en conséquence, un grand nombre d'hommes du Derbyshire sont apparus sur le terrain . Alors ceux de Sheffield envoyé fifres et tambours dans les rues de la ville, à recueillir des recrues et une force suffisante contre les hommes du Derbyshire. Par conséquent, à la fin du troisième jour, la lutte a commencée entre les parties en conflit: il y eu beaucoup de blessés légers, mais aucun n'a été tué. |
arrêté préfectoral de 1857 |
Ce genre de rencontre regroupait des centaines, voire milliers de participants. Le Morbihan a constitué le dernier réservoir français pour la pratique du jeu. Avant son interdiction en 1857, peu suivie d'effets car: [une] rencontre mémorable […] eut lieu en juin 1888. On vit une masse de près de cinq cents individus appartenant aux paroisses de Saint-Garadec-Trégomel, Lignol, Inguiniel et Berné se disputer âprement la soûle aux environs de la jolie chapelle de Kernascléden. Les paroisses de Berné et de Lignol fournirent chacune 50 combattants ; Saint-Garadec, 100 ; Inguiniel, de 250 à 300 […] La lutte fut très longue. Engagée vers 11 heures, elle ne se termina qu'à la tombée de la nuit [c'était au mois de juin !]. Après bien des péripéties, le champion Hybois, alors âgé d'une trentaine d'années, réussit à loger la soûle au village de Kerhihuel, situé près de l'étang de Pontcallec ; ce fut une éclatante victoire pour Saint-Caradec » http://guemenesurscorff.blogspot.fr/2014/05/la-soule-ou-la-guerre-pour-une-vessie.html La soule génère l'intérêt de la population, mais se heurte également à des interventions répétées de la part des autorités, qui voient d'un mauvais œil ce divertissement souvent violent. En 1314, le maire de Londres juge opportun de se fendre d'une déclaration interdisant le football au sein de la ville en raison des désordres causés. Toute infraction à cette loi est passible d'emprisonnement. En 1369, le roi de France Charles V promulgue une ordonnance qui interdit tous les jeux dont la soule "qui n’ont point d’utilité pour exercer nos dits sujets au maniement des armes". Les contrevenants s’exposent à l’importante amende de quarante sous: pour se divertir, les sujets doivent s’adonner exclusivement au tir à l’arc ou à l’arbalète. Au cours du 16eme siècle, une nouvelle forme de critique fait son apparition. Avec l'expansion du puritanisme, l'heure est à la dénonciation des divertissements "frivoles" dont le sport, et plus particulièrement le football, font partie. La principale objection est qu'il constitue une violation du repos dominical. Le théâtre subi lui aussi les mêmes foudres, puisque les puritains guindés le considèrent comme une source d'oisiveté et d'immoralité. Ces arguments seront à l'origine de l'interdiction des divertissements le dimanche. Source de violence, perte de temps, immoralité sont les principaux reproches qui vont conduire à la disparition du jeu de soule. Seul 2 villages continuent à pratiquer ce jeu au XXIe siècle. |
A Tricot, dans l'Oise, le lundi de Pâques, la
grande
rue devient le terrain d'un jeu né au Moyen-Age. Ce village
est
le dernier bastion de la Choule.
Ici, on le pratique suivant les règles vieilles de centaines
d'années : les hommes mariés affrontent les
célibataires pour s'approprier le Choulet (poire de cuire
remplie de bourre). A même le bitume. Sans autre
règle que
celle du plus fort, du plus rapide, du plus malin. A chaque
extrémité de la rue, une maison par dessus
laquelle
chaque camps doit lancer le choulet..C'est un jeu du peuple, qui
n'appartient qu'à celui qui y participe. Ni les
édits
royaux, ni la guerre n'ont réussi à
éradiquer ce
jeu que, de tout temps, notables et Eglise ont jugé barbare.
Il
est ancré dans les gênes des habitants de Tricot.
Et ceux
qui ont quitté le village se font un honneur de revenir
chaque
année Le vainqueur, s'il est encore valide, ouvre le bal avec la dernière mariée de l'année. http://france3-regions.francetvinfo.fr/picardie/oise/tricot-60-dernier-bastion-de-la-choule-961877.html http://www.collectifargos.com/guillaume-collanges/france/la-choule-a-tricot |
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La tradition du folk-football appellé aussi
mob-football ( football populaire ou football de foule ) persiste en
Angleterre
à Ashbourne, dans le
Derbyshire, à l'occasion
de Mardi gras et du mercredi des Cendres (Shrove Tuesday et Ash
Wednesday). C'est là que se déroule le Royal Shrovetide football match. Deux
équipes composées de milliers de villageois
s'affrontent au
travers de la ville. Le but est de taper un ballon en cuir, et rempli
de liège, contre la meule de l'équipe adverse.
Mais la grosse
difficulté est que les deux meules sont distantes de cinq
kilomètres.Il
y a seulement trois interdictions : ne pas tuer, ne pas cacher le
ballon et ne pas entrer dans le cimetière de la ville.
Sinon, tous les
coups sont permis. Le match oppose ceux d'en haut, nés au nord de la rivière Henmore, à ceux d'en bas, qui ont vu le jour au sud de Henmore (Up'Ards et Down'Ards). Il n'y a pas de signes extérieurs de reconnaissance entre Up'Ards et Down'Ards. Généralement le match commence à 14H00 après que la foule aie entonné le "Auld Land Syne" ("Ce n'est qu'un au revoir") et l'hymne national "God Save The Queen". Si aucun but n'est marqué, la partie prend fin à 22h00. http://www.ibtimes.co.uk/royal-shrovetide-football-match-mob-football-game-one-bloodiest-sporting-customs-uk-1542973 http://www.dailymail.co.uk/news/article-1251575/Forget-pancake-race-Hundreds-streets-ancient-Shrove-Tuesday-football-match.html |